Des millions d’images défilent dans ma tête comme dans un rêve. Je suis incapable de les interpréter. Tantôt je vois mon inconnu me tendre la main, tantôt il disparait tel un fantôme. Tantôt je sens fortement son parfum, tantôt je ressens ses baisers sur mon corps. C’est comme si son âme était à mes côtés. Et moi, misérable que je suis, je me laisse aller à cette illusion.
Oh mon Dieu, mon cœur saigne de déception ! Je donnerai ma vie pour revenir en arrière. Je donnerai tout pour reconstituer le puzzle. Je me sens seule malgré cette mystérieuse voix qui me tient compagnie. Si je savais que c’était notre dernière fois, je ne me serais jamais échappée. Si je savais que je serais à jamais liée à lui, je lui aurais offert mon cœur. Si je savais qu’il s’en irait si tôt, je lui aurais fait écouter les cris de ses enfants, de nos enfants …
-Pauvre petite ! Avec des si, même une fourmi pourrait mettre Paris dans une bouteille
Mais Diable, quelle est cette voix inopportune ? Elle prend un malin plaisir à me perturber. Je regarde autour de moi : personne à l’horizon comme d’habitude. La peur m’envahit. Il faudrait que je m’habitue à cette étrange voix.
<Avec des si, même une fourmi pourrait mettre Paris dans une bouteille>. Voilà une phrase pleine de sens. La voix n’a pas tord. A quoi bon se lamenter ? Allah donne la vie et la reprend quand il le décide. Tout ce qui nous arrive vient de lui. L’être humain est une petite marionnette qui vit au gré d’un Grand Monsieur Barbu. Et pourtant, il est tellement difficile de se laisser guider ! D’ailleurs moi, je refuse de me laisser guider. La vie aurait été tellement simple si les choses s’étaient passées différemment. J’aurais pu voyager sans offrir mon corps à un illustre inconnu. J’aurais ensuite rencontré mon prince charmant. Ma vie serait différente…
- Qu’est ce que tu en sais ? Peut être que oui ! Peut être que non !
C’est vrai. Qu’est ce que j’en sais ? J’aurais pu aussi garder le contact avec mon inconnu. J’aurais su le genre d’individu qu’il était. J’aurais su ce qu’il aime manger et ce dont il a horreur. Je me serais intégrer dans sa famille, dans son cercle d’amis. Je lui aurais consacré toute ma vie. Il aurait été ma dévotion et mon leitmotiv. Il me serait fidèle toute sa vie. Oui bien sûr, on se disputerait comme papa et maman. Mais comme le dirait Amy, la douceur réside dans la réconciliation. Oh oui, on ferait l’amour nuit et jour…
- Oui nuit et jour mais tu serais à présent sa veuve !
Veuve à mon âge ? Je n’y avais pas pensé. D’accord pour aimer de toutes mes forces, mais que Dieu m’en préserve. Si c’est ce que me réservait la vie, alors non merci. Je refuse catégoriquement.
- Alors très chère, apprends chaque jour à relativiser les chocs de la vie.
Soit ! J’espère un jour en arriver là. Et puis diantre ! Toute cette histoire me fatigue. Je suis fatiguée de réfléchir. J’en ai marre de me prendre la tête. Je m’inquiète pour le lendemain alors que je suis prisonnière de ce coma.
- C’est la nature humaine ! Vous prenez plaisir à vous inquiéter alors que le monde ne vous appartient pas. Je souris devant vos peurs incessantes, vos stress absurdes, vos craintes sans fondement ! Ah bande de pèlerins, que faîtes vous donc de mes préceptes ? Où cachez vous votre foi ? Continuez ainsi et votre âme sera perdue !
- Serais tu en train d’affirmer que tu es Dieu ?
- C’est toi qui le dis !
- Bon peu importe qui tu es, moi je commence à en avoir marre. Je veux retourner dans mon monde. Aide-moi s’il te plaît.
- Puisque tu le veux, tu sortiras de ce coma. N’oublie jamais cette phrase : tant que tu auras une forte volonté, au point de risquer ta vie à un jeu de hasard, tu obtiendras toujours ce que ton cœur désire.
Et comme par miracle, j’ouvris les yeux. La lumière du jour brouilla un instant ma vue. J’avais l’impression d’avoir été dans un profond sommeil. Je remuais les paupières pour voir les personnes autour de moi. Je revivais petit à petit. Je reconnu Docteur Sy, mon père, ma mère et Amy. Instinctivement, j’essayais de me lever. Mais, le docteur me demanda de me calmer. Il m’examina en me posant quelques questions. Le verdict était remarquable : je me portais comme un charme. Mon songe m’avait fait du bien. J’étais relaxe et prête à conquérir la vie. J’affichais une positive attitude déconcertante. J’étais contente d’être en vie. Que pouvais-je demander de plus ? Une nouvelle vie s’offrait à moi. J’étais décidée à saisir cette chance. Grâce à cette détermination, je me rétablis très vite et je pus rentrer à la maison.
Le temps passait et je décidai d’appeler Angie pour m’excuser de l’incident. Malheureusement, elle était déjà rentrée à Ouagadougou. Je ne lui expliquai pas les raisons de mon coma au téléphone. Elle avait déjà subit suffisamment de choc ! Un jour viendra où je lui avouerai que son défunt copain est le père de mes enfants. Pour le moment, le silence était préférable.
- Merci Emilie d’avoir appelé. Je suis très contente que tu sois sortie de l’hôpital. Mes beaux parents m’appelaient souvent pour prendre de tes nouvelles donc s’il te plait, essaie de passer leur dire bonjour et les rassurer.
- Ok, envoie-moi leur contact par message et je les appellerai.
C’est ce que je fis dès réception du numéro de téléphone monsieur Seri, le beau père d’Angie. A l’entendre, c’était un monsieur très sympathique. Il me proposa même de passer chez eux dès que j’aurai le temps.
Le vendredi soir qui suivit, je me rendis en fin de journée chez la famille Seri. Ils habitaient une grande villa à Treichville. Face à ma timidité, le père enchaina histoires drôles et anecdotes. Il réussit finalement à me détendre. Quel bonheur, de voir des personnes qui ont la joie de vivre ! Je passais un agréable moment. Du salon, je pouvais sentir les bons plats de la maitresse de maison. Je salivais presque lorsqu’on sonna à la porte.
- Ah c’est sûrement notre fils Eric, il avait promis diner avec nous, lança madame Seri
Je souris en me demandant combien d’enfant avait alors le couple Seri. Je ne leur avais même pas demandé. On entendait Eric du salon taquiner le gardien. Pendant qu’on l’attendait pour manger, il prenait son temps. Ô quelle ne fut pas ma surprise quand Eric fit son apparition. Je bus de travers mon cocktail et me mis à tousser violemment. Monsieur Seri me donna de l’eau à boire pour me soulager.
- Ô désolé Emilie, on pensait qu’Angie t’avait dit que son copain avait un frère jumeau
- Je pense qu’elle a oublié de me le dire
Inutile de dire que ma soirée tourna au vinaigre. J’eus du mal à avaler une bouchée. Les blagues de Monsieur Seri et de son fils ne me faisaient plus rire. J’essayais d’être naturelle. Et pourtant, une kyrielle de questions traversait mon esprit. Eric était-il mon inconnu ? Ou mon inconnu était-il le défunt comme je l’avais toujours pensé ? Comment deux personnes peuvent-ils se ressembler autant ? Si c’est lui, me reconnait-il ? Sinon, son frère lui a-t-il parlé de moi ?
En plus, Eric semblait tellement à l’aise que je ne savais plus quoi penser. Et c’est ainsi que me revint cette phrase que j’avais entendu dans mon songe : apprends chaque jour à relativiser les chocs de la vie.
Ces mots réussirent à calmer l’accélération de mon adrénaline. Je décidai de m’intéresser à Eric et profiter de cet incroyable moment que je vivais.
- Eric, qu’est ce que tu fais dans la vie ?
- Oh je suis un « touche à tout ». Actuellement je suis à mon propre compte.
A priori, ce n’est donc pas mon inconnu. Si mes souvenirs sont bons, il travaillait dans une entreprise pétrolière. Je lui posai encore quelques questions sans trop en faire. Il me répondait toujours avec un sourire indescriptible. On discuta ainsi pendant longtemps avant que je ne demande à prendre congé d’eux.
- Je vais te déposer. Ce n’est pas prudent que tu rentres seule à cette heure.
- Avec plaisir mais je ne veux pas rallonger ton chemin
- Où habites-tu ?
- A la palmeraie
- C’est sur mon chemin ne t’inquiète pas.
Durant tout le trajet, les chansons de Soumia nous tenaient compagnie. Le silence de mon pilote me déstabilisait. Il semblait perdu dans ses pensées. Au moment, où je ne m’y attendais pas, il me demanda si j’avais repris le boulot depuis ma sortie de l’hôpital:
- Non pas encore !
- Ca te dit de changer un peu d’air ? Je dois me rendre à San Pedro pour négocier un contrat. Si tu veux, on pourrait y aller ensemble.
- Merci c’est gentil. Je regarde mon programme et je te tiens au courant.
Je n’avais aucun programme. Voyager rien que tous les deux me donnait des frissons dans le dos. J’avais peur. J’avais assez souffert pour me jeter dans la gueule du loup. Et si quelque chose arrivait entre lui et moi ? Qui serait-il pour mes enfants ? Leur oncle ? Leur beau père ? Entre Eric et moi, il ne devrait pas avoir de relation intime. Au moins par principe, il fallait que je me fasse violence.
Et pourtant, ses appels fréquents les jours qui ont suivi notre rencontre, cette complicité qu’il essayait de créer, cette manière de me parler, de s’intéresser à mon état de santé, d’être disponible pour moi, finirent par me faire céder.
A 9h30 exactement, le petit avion d’Elite Corporate décolla pour une quarantaine de minute. J’aurais préférée prendre la route pour profiter du paysage. Mais elle était dans un état déplorable. Des trous immenses troublaient la circulation. Et comme si, cela ne suffisait pas, l’insécurité était monnaie courante sur le chemin. Eric a préféré ne pas prendre de risque.
Il était assis en face de moi. J’avais l’impression d’être dans un car. Je respirais à peine. Franchement, cet avion faisait peur. Et cela me faisait bizarre qu’il y ait seulement une dizaine de place. Mais, en même temps, ce luxe me faisait rêver. Ah, j’ai la foi que dans quelques années, j’aurai moi aussi mon jet privé !
A notre arrivée, un chauffeur nous attendait. San Pedro était une ville balnéaire. L’air était différent d’Abidjan. En plus, notre hôtel, le plus beau de la ville, était en bordure de mer. Le cadre était paradisiaque. Je n’avais jamais imaginé que mon pays regorgeait d’autant de potentiel. La plage était très propre. Rien à voir avec celle de Bassam. Eric me confia même qu’elle ressemblait à certaines plages de la Thaïlande.
Je ne regrettais pas une seule seconde d’être venue. La nourriture coutait chère mais vu que ce n’était pas à mes frais, je me faisais plaisir. Eric me fit gouter une sole braisée, qu’on venait juste de pêcher. Le goût était royalement différent de ce que j’avais l’habitude de manger.
Dès le lendemain, Eric réussit à décrocher son contrat. Il disait que San Pedro était la ville d’avenir. Il y avait énormément de projets à réaliser. Je l’écoutais en savourant mon agouti braisé. Ah c’était trop bon ! C’était bien épicé comme j’aime avec de la semoule de manioc.
- Mademoiselle, vous m’écoutez ?
- Oui bien sûr.
Il se moquait de moi. Je tremblais pratiquement devant mon plat. Après le restaurant, on alla s’assoir sur un rocher au bord de l’eau.
- Emilie, je peux te poser une question ?
- Oui vas y ?
- Connaissais-tu mon frère ? Mes parents m’ont expliqué ce qui c’était passé à la levée.
- Je ne le connaissais pas vraiment.
- Pas vraiment ? C’est-à-dire ?
Le sujet était sensible. C’était pourtant le moment de se libérer. Loin des regards, la langue se délie plus facilement. Loin des bruits, le cœur est plus attentif. C’est peut être un nouveau départ. La voix m’a bien dit : le monde ne vous appartient pas. Je préfère me libérer et tourner une bonne fois pour toute cette page de ma vie.
Je me mis à lui relater mon secret. Je lui avouai l’existence des jumelles.
- Le fait donc de voir ton frère inerte m’a vraiment surpris
- Oui je te comprends. Je suis vraiment désolé.
Il me prit dans ses bras comme pour me rassurer. Je me laissai faire. J’en avais besoin. Son One Million de Paco Rabanne embauma tous mes sens. Je me laissais blottir sur sa poitrine. Il me caressait les cheveux. Je sentais les battements de son cœur. Il me serra très fort dans ses bras. Il m’avoua qu’il était submergé par l’émotion. Ses yeux étaient remplis de tendresse. Il prit mes joues entre ses paumes fraiches et m’embrassa passionnément avant de me parler.
- Emilie, je dois aussi t’avouer un secret moi aussi. Je ne sais pas par où commencer.
J’essayais de me remettre de son baiser tout en lui disant que je l’écoutais. Au point où j’en étais, rien ne pouvait me choquer. Du moins, c’est ce que je croyais !
- Ce n’est pas mon frère que tu as connu mais plutôt moi. J’ai voulu jouer le jeu pour te séduire et pour que tu apprennes à me connaitre. Mais savoir que nous avons des enfants ensemble ne me permet pas de te mentir.
Je me levai aussitôt.
- Comment ? Qu’est ce que tu me racontes ? Qu’est ce qui prouve que c’est toi ?
Il se leva à son tour et me prit les mains.
- Te rappelles-tu de cette nuit ? De la manière dont nous avons fait l’amour? Je pourrai te la décrire point par point. Je n’ai pas oublié l’intensité de ton regard, la douceur de ton corps, la fraicheur de tes seins quand je t’ai rejoins dans la douche. Tu avais été surprise par mon audace n’est ce pas ?
Je restai silencieuse malgré moi. Ses propos éveillaient certaines sensations en moi. Il continuait sans pouvoir s’arrêter.
- Te rappelles tu de ce que je t’ai dis quand nous sommes arrivés à Abidjan ? Je t’ai dit: « Emilie, tu es le trésor que je cherchais. Je m’en voudrai toute ma vie si je ne devais plus te revoir ». Et te souviens-tu de ta réponse ?
- « Je préfère sincèrement garder au fonds de mon cœur tout ce que nous avons vécu ». Oui Eric, je m’en souviens comme si c’était hier
- Tu vois Emilie, nul ne peut échapper à son destin.
- Mais où étais tu pendant la levée de corps ? Pourquoi ne t’ai-je pas vu ?
- Quand nous nous sommes rencontrés dans l’avion, je t’ai dis que je travaillais pour une entreprise pétrolière. Et donc j’étais en mission en Chine pour cette entreprise. Malheureusement, il m’était impossible d’être présent à la levée. Je m’en voulais tellement, qu’à mon retour j’ai démissionné et je me suis mis à mon propre compte.
Le puzzle se reconstituait à présent.
- Emilie, je t’aime. Je ne t’ai jamais oublié. J’ai toujours cru au plus profond de moi que je te retrouverai.
Et tels deux aimants, nos lèvres se croisèrent avec émotion, délicatesse, fougue, passion, tendresse et amour. On s’embrassa pendant de longues minutes. Mais, je ne pus m’empêcher de lui demander s’il avait déjà une personne dans sa vie. Je voulais en avoir le cœur net avant de continuer.
- Je ne vais pas te mentir ma chérie. Oui, je sors avec une fille depuis quelques mois mais je ne l’aime pas. Je te promets de rompre dès notre retour à Abidjan.
Cette révélation me refroidit. La voix l’a si bien dit : nous sommes des pèlerins. Pour rien au monde, je ne risquerai de compromettre encore une fois mon avenir. Eric ne m’était pas indifférent. J’aurais tout donné pour le déguster ce soir. Mais cette fois, je tenais à faire les choses dans les règles de l’art. Je n’allais pas m’engager dans une relation incertaine.
Si Eric veut vraiment de moi, qu’il enlève d’abord les mauvaises herbes qui l’entourent. Avec tout ce que j’ai vécu, plus rien ne me fait peur. J’ai foi en l’avenir. J’ai foi en moi, en mes capacités. La patience est désormais mon second nom. Si Eric et moi, sommes fait l’un pour l’autre, rien ni personne ne pourra nous séparer…
FIN
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